par Elisabeth Gavrilovic
En quoi consiste ce projet d’aménagement complexe ?
Le traitement des copropriétés dégradées constituait le cœur du Projet de Rénovation Urbaine de Clichy-sous-Bois/Montfermeil, engagé en 2004. Cette phase aujourd’hui achevée, les prochains enjeux consistent à désenclaver ces deux villes à l’horizon 2018 et 2023, respectivement par le débranchement de la ligne de tramway T4 et l’une des gare du Grand Paris, tout en faisant entrer le site dans le marché immobilier et les dynamiques franciliennes de développement.
Dans cette perspective, l’aménagement du centre du quartier du Plateau que l’on nomme «secteur central» d’un point de vue opérationnel, étant à l’articulation des deux villes, constitue une opportunité de premier ordre. Lieu de polarité actuelle avec un marché forain se tenant deux fois par semaine, le «secteur central» doit accueillir demain une station du T4, la gare Clichy-Montfermeil du Grand Paris (ligne 16), une offre commerciale et sportive restructurées, ainsi que le projet de Villa Médicis.
La complexité du sujet est illustrée à la fois par des projets et des programmes à un niveau d’avancement et de validation différents et par la multiplicité des maîtres d’ouvrage que sont les deux villes, la communauté d’agglomération, l’AFTRP, le STIF, la SGP, le ministère de la Culture, l’Agence des Espaces Verts gérant l’aqueduc de la Dhuis et la forêt de Bondy classés Natura 2000. Cette complexité nous a conduits à adopter une démarche innovante en 2014 avec le concours Ergapolis.
En quoi a consisté la démarche innovante adoptée pour gérer la complexité du projet ?
Après de nombreuses études portées tout au long de ces années sur cette petite portion du territoire, environ un hectare, la démarche Ergapolis nous a paru pouvoir apporter un regard différent. Un regard à même de formuler peut-être sous un nouvel angle la question pour la repositionner vis-à-vis des enjeux de ce territoire, investi depuis plus dix ans avec les élus et les services dans le champ de la réflexion mais n’ayant pas encore pu «atterrir» sur un plan opérationnel.
La souplesse juridique du concours étudiant Ergapolis nous a permis à la fois de convaincre les élus et de nous affranchir des outils classiques des procédures de marchés publics. Quant au contenu pouvant être produits, il nous semblait intéressant de croiser les réflexions de la collectivité avec les expertises du monde académique et professionnel qu’associe la démarche Ergapolis.
Comment avez-vous intégré la transversalité dans le projet pour qu’elle puisse jouer son effet de levier ?
La transversalité a été portée à toutes les échelles : tant au niveau des passerelles entre le monde universitaire et le monde professionnel qu’au niveau des équipes d’étudiants constituées pour le concours dont l’un des leitmotiv majeurs est d’instaurer ce dialogue pluridisciplinaire et transversal entre experts issus de formations multiples et différenciées.
Incarnée, d’un côté, par les étudiants aux profils et formations variées et complémentaires (Ecole des Ingénieurs de la Ville de Paris, AgroParisTech, Ecole Nationale d’Architecture de la Ville et des Territoires de Marne la Vallée, UTC Compiègne, École Centrale de Paris et l’Institut d’Urbanisme de Paris) et, de l’autre, par l’équipe d’encadrement (enseignants, institutionnels, professionnels du monde de l’entreprise) cette transversalité a permis de porter un regard à la fois distancié et précis quant aux réponses pouvant être apportées, intégrant toutes une démarche de développement durable, portée fortement par le triptyque que constitue l’étude-concours-formation Ergapolis.
«Emulateur» d’idées, l’équipe lauréate ayant choisi de s’appeler « Emulation » au début du concours, la démarche Ergapolis a constitué le tremplin pour poursuivre sur le territoire les réflexions sous un autre angle et revenir aux fondamentaux en proposant une mission de programmation urbaine et de programmation des espaces publics sur ce secteur. Cette mission, aujourd’hui en cours, a permis, dans sa première phase, de partager avec l’ensemble des parties prenantes engagées sur ce micro-secteur, aux ambitions à la fois locales mais aussi métropolitaines, le même diagnostic et de proposer des stratégies vocationnelles en cohérence avec les atouts du territoire à mettre en exergue.
In fine, tous ces efforts de communication bénéficieront directement à l’acheteur public, poste devenu stratégique.